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Grand dossier : Bâtir l'avenir. À la recherche de financement.

Dernière mise à jour : 23 sept. 2022



DÈS QU'IL EST QUESTION DE CONSTRUCTION OU DE RÉFECTION D'INFRASTRUCTURES DE LOISIR, LA QUESTION DU FINANCEMENT SURGIT. ON PEUT PERDRE DE NOMBREUSES HEURES À CHERCHER LES PROGRAMMES DE SOUTIEN GOUVERNEMENTAUX OU LES FONDS OFFERTS, S'Y PRENDRE TROP TARD POUR PRESENTER UNE DEMANDE, SE RETROUVER COINCE AVEC UN PROJET QUI NE REPOND PLUS AUX BESOINS INITIAUX, ETC. AGORA FORUM S'EST TOURNEE VERS MARIE­-JOSÉE ROY, QUI A NOTAMMENT OEUVRÉ AVEC L'AQLM ET L'AQAIRS, POUR LUI POSER QUELQUES QUESTIONS À CE SUJET.


@ Agora Forum : Pouvez-vous nous résumer votre parcours professionnel et vos champs de spécialité?


Marie-Josee Roy : Je suis ingénieure avec une maîtrise en environnement. J'ai fondé mon entreprise, MJR Développement durable, en 2008 pour aider les organisa­tions de tous types et toutes tailles à amélio­rer leur performance globale en appliquant les principes de développement durable (DD) : l'efficacité économique, le progrès social et le respect de l'environnement. Ma valeur ajoutée est de parvenir aux résul­tats visés (habituellement la performance et les profits) tout en prenant mieux soin des personnes et de la planète.


De façon plus spécifique, j'ai collaboré avec l'AQAIRS pendant neuf ans et j'inter­viens régulièrement dans des projets de construction ou de rénovations majeures (identification des besoins, intégration des principes DD, demandes de financement, réduction des impacts environnementaux, etc.). J'ai aussi eu le privilège de participer à la préparation du nouveau guide Loisir munici­pal et développement durable de l'AQLM.


@ : Selon vous, quelles sont les meilleures pratiques à adopter au moment où l'on

planifie une recherche de sources de finan­cement?


MJR: Avant la recherche de financement, il faut absolument prendre le temps d'iden­tifier les besoins et de réfléchir en équipe sur ce que l'on veut (et peut) faire. Le meilleur projet est celui qui offre la meilleure perfor­mance globale (économique, environnemen­tale, sociale, qualité), mais qui avant tout répond aux besoins et à la capacité de payer. Trop souvent, les organisations regardent les sources de financement disponibles et ensuite essaient de faire cadrer leur projet avec les critères ou les conditions qu'exigent ces sources alors que c'est l'inverse qui devrait être fait. Les meilleures pratiques pour éviter des coûts inutiles seraient donc les suivantes:

  • Organiser une rencontre avec les princi­paux intervenants touchés par le projet, par exemple le directeur général, les élus, le conseil d'administration, le directeur technique, le coordonnateur des sports, les groupes d'utilisateurs, etc.

  • Réfléchir en équipe afin d'apporter les réponses aux questions suivantes :

    • Quel est notre écheancier? Combien de temps nos équipements actuels peuvent-ils tenir?

    • Quelle est notre capacité de payer?

    • Quelles sont nos ressources à l'interne? Qui sera le chargé de projet? Qui fera partie du comité de pilotage?

    • Quelles sont nos principales contraintes reliées à ce projet (gestion des risques)?

    • Est-ce qu'il y a déjà des études qui ont été faites sur l'infrastructure que nous voulons rénover ou mettre à niveau?

    • Quelles sont nos attentes pour le projet? Quels points sont importants? Quels points sont facultatifs?

    • Avons-nous toute l'information en main pour bien orienter l'expert de façon à ce qu'il nous propose des solutions adaptées?

@ : De nouveaux programmes gouverne­mentaux comportant des subventions à la

construction ou à la mise à niveau d'infras­tructures de loisir apparaissent régulièrement,

tout comme des offres provenant de fonda­tions privées. L'AQLM en présente un bon nombre dans son site. Quels autres outils d'information recommanderiez-vous dans la recherche de sources de financement?


MJR: Les réseaux sociaux sont utiles pour réaliser une veille des sources de financement disponibles. ldéalement. ii faut utiliser Linked In, Facebook ou Twit­ter pour suivre les pages des organismes suivants Fédération canadienne des municipalités (FCQ), Union des munici­palités du Québec (UMQ), ministère de l'Éducation, ministère de l'Enseignement supérieur, ministère de l'Économie et de l'Innovation (MEI), ministère des Affaires municipales et de l'Habitation (MAMH). Les infolettres sont aussi une source intéressante.


@ : Quelles sont les principales tendances actuelles en matière de sources de finance­ment d'infrastructures? Qui sont les prin­cipaux pourvoyeurs de fonds? Des secteurs sont-ils davantage ciblés?


MJR: De plus en plus, les sources de finance­ment public s'attendent à ce que les deman­ deurs intègrent le developpement durable dès la conception. Dès la demande de finan­ cement, les attentes sont que l'infrastruc­ture tienne compte des parties prenantes (employés, citoyens, municipalités voisines, etc.) et qu'elle devienne un projet inclusif et accessible, respectueux de l'environnement, évolutif et durable. Que ce soit une nouvelle piste cyclable, un centre communautaire ou un complexe sportif, il faut démontrer que le projet répond aux besoins de tous les citoyens, peu importe l'âge, l'état de santé ou le revenu. En plus des sources de financement public, il est souvent possible de compléter le mon­tage financier avec les programmes d'Hydro­ Québec, Énergir ou les Fonds du Mouvement Desjardins, par exemple.


Dans le Plan québecois des infrastructures 2021-2031 présenté en mars dernier, le développement du sport et de l'activitéphysique ainsi que la culture font partie des secteurs priorisés, tout comme les mai­sons des ainés, les CHSLD et les hôpitaux, les écoles, les cégeps et les universités, le réseau routier, l'amélioration de la mobilité et l'électrification du transport collectif.


@ : Pourquoi les sources de financement intègrent-elles autant le développement durable dans leurs programmes?

MJR : Le Canada s'est engagé envers les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies et, depuis 2006, la Loi sur le deve/oppement durable est en vigueur au Quebec. II est donc normal que les programmes de financement ajoutent des critères écoresponsables afin d'être cohérents. Par exemple,lors du dernier appel de projets du Programme d'aide aux infras­tructures recreatives et sportives (PAFIRS) Canada-Quebec, il fallait démontrer que le projet tenait compte de certains principes de développement durable à l'aide du Guide pour la prise en compte des principes de déve­loppement durable.



Les 17 objectifs de développemet durable de l'ONU

@: Quelles sont plus précisement les attentes à l'endroit des municipalités dans le finance­ ment de leurs projets d'infrastructures?


MJR: Que ce soient les citoyens, les clients ou les consommateurs, on demande de plus en plus que les organisations soient responsables et transparentes. Les parties prenantes ne veulent plus d'écoblanchiment ou de voeux pieux, mais des engagements solides, concrets et cohérents. Ces attentes sont encore plus fortes envers les pouvoirs publics. Le ministère des Affaires munici­pales et de l'Habitation (MAMH) propose même une vision d'une municipalite axée sur le DD:

Aussi, de plus en plus de municipa­lités mettent en place un plan stratégique de développement durable qui inclut les infras­tructures, mais aussi la tenue d'événements écoresponsables.


@:Vous faites partie de la banque d'experts du Fonds Ecoleader. En quoi consiste ce fonds?


MJR: Le Fonds Ecoleader propose une aide financière aux entreprises (à but lucratif ou d'économie sociale) qui souhaitent engager des experts qui les aideront à mettre en place

des pratiques d'affaires écoresponsables ou à se preparer à l'acquisition de technologies propres. II vise, entre autres, à rejoindre 50 000 entreprises, soit environ 20 % des entreprises québécoises, d'ici mars 2023.


Plusieurs de mes clients ont donc reçu du financement pour réaliser une démarche de développement durable (engagement glo­bal incluant un diagnostic, un plan d'action et une intégration dans le modèle d'affaires), ou encore mettre en place des actions rentables et respectueuses de l'environne­ment, par exemple une meilleure gestion des matières premières et résiduelles par les 4RV (repenser le besoin, réduire à la source,

réutiliser, recycler et valoriser), l'amelioration de l'efficacité énergétique ou la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).


@ : Quels conseils donneriez-vous à une personne qui s'apprête à remplir une demande de subvention? Quelles sont les erreurs courantes à éviter?


MJR: Comme je l'ai mentionné, la première étape est de s'assurer que les principales parties prenantes ont été consultées dès le début et que les besoins sont bien identifiés. Déposer une ou des demandes de finance­ment requiert des efforts non négligeables et du temps, donc l'équipe doit être bien préparée pour éviter les mauvaises surprises.


Il convient de bien se renseigner sur les meilleures pratiques actuelles selon le type de projet envisage. Les collègues sont une excellente source d'information sur les meil­leurs coups et les erreurs à éviter.


Les demandes de financement sont très importantes, mais il faut toujours garder en tête qu'il y a un délai plus ou moins important entre la date de dépôt d'une demande et la date de la réponse. II faut donc s'y prendre le plus tôt possible, car avoir un écheancier trop optimiste constitue une des erreurs les plus courantes dans ce domaine.




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